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Sans doute, on risquait ainsi d’être abordé par une autre barque ; mais il importait, avant tout, d’éviter quoi que ce soit qui eût pu renseigner l’agent sur la direction suivie par le canot fugitif.

Donc, la nuit complète enveloppait le n° 4 ainsi qu’une cloche d’ombre. Le moment d’agir était venu.

— Barre à tribord, commanda le général.

Vivement, le mousse exécuta l’ordre donné ; le canot, abandonnant la route de l’Est, pointa son avant vers la côte africaine de Tripoli, dont les plages sablonneuses arrêtaient le flot à six cents kilomètres dans le sud.

Une acclamation salua le virage, mais elle s’acheva en un murmure désappointé.

Une soudaine clarté s’était allumée au loin ; un rayon lumineux s’en détachait, courant à la surface des eaux, tel un bras géant tendu à la recherche d’une proie.

— Au diable, gémit Tibérade, il possède un projecteur. Il a donc tout prévu, ce satané agent.

En dépit de l’exclamation, il faut bien avouer qu’au fond, le jeune homme n’éprouvait qu’une contrariété mitigée. Après tout, il s’agissait d’empêcher une trahison dirigée, peut-être, contre une autre nation d’Europe.

Le rayon d’ailleurs, dans sa course circulaire, avait rencontré le canot n° 4, et désormais, il l’accompagnait avec une obstination agaçante.

Le bateau le plus rapide n’eût pas été capable de lutter contre cet adversaire lumineux, la lumière parcourant quatre-vingt mille lieues par seconde. Personne n’y songea d’ailleurs.

D’un ton découragé, Uko bégaya :

— Remettez le cap à l’Est. Il n’y a rien à faire contre cela.

Désormais, il fallait se résigner. Le canot automobile 2 resterait dans le sillage du n° 4, autant qu’il lut plairait.

Et la nuit s’écoula. Le soleil reparut, décrivit son orbe circulaire d’un horizon à l’autre. Les ténèbres s’épandirent de nouveau sur la mer. Toujours le ca-