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jaune durant une croisière sur les côtes brésiliennes.

Et avec une sorte de recueillement :

— Il avait tenu sa promesse, cette promesse que je n’avais jamais prise au sérieux. Il avait cherché la mort en soignant lui-même des malades atteints du terrible fléau, et cela alors que rien dans sa situation ne l’y obligeait.

— Vous supposez qu’il avait voulu vous rendre votre liberté ?

— Tous les renseignements que j’ai recueillis le prouvent. J’ai conservé un culte pour sa mémoire, et comme il aimait passionnément l’Angleterre, j’ai voulu la servir, en souvenir de lui. Voilà pourquoi je suis une espionne du Royaume-Uni, lancée sur la trace d’un document diplomatique.

Pierre demeurait silencieux. Il avait échappé à l’espion français pour passer au service de cette jeune femme, qui s’intitulait espionne britannique.

Avec une timidité subite, elle balbutia :

— Vous me mépriserez peut-être…

Il ne la laissa pas achever :

— Moi ! Jamais de la vie. Je vous remercie de cette confidence. J’étais votre esclave sans rien savoir de vous. Je continuerai en le sachant.

— Sans regret ?

— Bien sûr que je n’aurai pas de regret. Le moyen d’en sentir quand on est heureux, oh ! tout à fait heureux de son sort.

Instinctivement leurs mains se cherchèrent, et doucement Pierre reprit :

— Je vais parler au commandant.

Vingt minutes plus tard, il revenait. L’officier avait consenti à déposer la pseudo-Véronique, à Port-Saïd, avec les bagages des quatre passagers manquants.

Et mistress Honeymoon expliquait à son… associé l’importance probable du secret caché vraisemblablement dans la doublure du vêtement du mikado, secret qu’elle se flattait de percer, dans l’hôtel de Port-Saïd, où elle descendrait en compagnie de Pierre.