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— C’est tout.

— Alors, bonsoir.

Le veilleur s’éloigna, et Pierre retomba dans ses réflexions moroses. Vers une heure du matin, il sursauta au bruit léger de l’ascenseur s’arrêtant à l’étage.

Deux personnes en sortirent : un homme, une jeune fille. Lui, d’allure militaire, l’habit de soirée fleuri d’une décoration multicolore, le teint légèrement cuivré, la moustache noire et fine comme un trait d’encre de Chine, contrastant avec les cheveux grisonnants. Elle, mignonne, gracieuse, le teint ambré, les grands yeux noirs, imperceptiblement bridés vers les tempes, le visage offrant le type accompli de la beauté japonaise, et sur cela, telle une auréole de sainte d’Occident appliquée à une Extrême-Orientale, une chevelure de ce blond, unissant le ton des moissons mûres à l’or pâle, qui est la gloire des beautés britanniques.

— 103 à 105, murmura la pseudo-Véronique. M. le général Uko et sa fille Sika.

Les deux personnages glissaient silencieusement sur le tapis.

Le général passa sans s’arrêter.

Mais la jeune fille fit halte devant le bureau-logette.

— Véronique, fit-elle d’une voix musicale avec un charmant sourire, vous êtes de garde cette nuit ?

— Oui, mademoiselle, répliqua l’interpellée.

— Jusqu’à quelle heure serez-vous de service ?.

— Six heures du matin.

La fille du général eut une moue chagrine.

— C’est bien tôt. Je ne serai certainement pas levée encore.

— Mademoiselle désire-t-elle quelque chose ? Elle pourrait me donner ses ordres dès ce soir.

À cette proposition, le visage de Sika s’éclaira.

— Des ordres, non, ce n’est pas cela. Je voudrais causer avec vous. À quel moment cela sera-t-il possible dans la matinée ? Je veux que vous puissiez vous reposer, après une nuit de veille…

La servante l’interrompit :