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— Pas de rébus, général, je vous en prie.

— Soit. Eh bien, je découvre un constructeur d’embarcations, ayant en garage cinq canots automobiles, qui viennent d’effectuer la traversée de la Méditerranée, de Tripoli à Brindisi.

— Des canots de haute mer ?

— Juste. J’ai fait prix aussitôt pour que l’un d’eux, le numéro 4, nous transporte à Port-Saïd.

— Bravo !

— Vérification, mise en état, rappel du mécanicien-chauffeur et du mousse composant l’équipage ; achat et arrimage de huit jours de provisions pour le moteur et pour les passagers, exigent le délai indiqué. Bref, nous embarquerons dans trois fois vingt-quatre heures… Environ pareil laps de traversée. Dans une semaine, nous, rejoindrons, à Port-Saïd, le vêtement, dont l’absence me rend le plus malheureux, le plus nerveux des hommes.

Avec une ironie pleine de reproches, Tibérade répondit doucement :

— Je le conçois.

Les mots n’étaient rien, mais l’accent dont ils avaient été énoncés inquiéta l’interlocuteur du jeune homme.

Il le considéra avec une curiosité ardente, et lentement :

— Qu’avez-vous donc ?

— J’ai… qu’à Port-Saïd, général, je vous restituerai l’objet que vous m’avez confié.

— Vous me res… ti… tuerez, répéta lentement le Japonais.

Ses regards noirs rivés sur Marcel augmentèrent le trouble de ce dernier, qui expliqua d’une voix hésitante :

— Ce qui vient d’arriver a modifié mes résolutions… Vous comprenez… ce pantalon qui s’évade… ; la responsabilité est trop grande… Votre fortune, votre existence en jeu… Je ne veux plus supporter le poids de semblables pensées.

— Mais j’ai confiance en vous, moi, se récria Uko.

— Je vous en suis reconnaissant, général ; mais, moi, je n’ai plus confiance.