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sister un doute, en dépit de l’étrangeté de ses affirmations.

Marcel murmura :

— Alors, votre poursuite incessante ?…

— Est le devoir d’un agent des Renseignements, qui travaille pour la France, et qui considérerait comme une trahison de ne pas empêcher, par tous les moyens, la réalisation des projets du souverain astucieux de l’empire du Soleil-Levant !

Tibérade bondit sur ses pieds :

— Mais vous m’y faites penser, en acceptant de convoyer cet objet dangereux…

— En bien ?

— Je deviens moi-même traître à mon pays.

— Jusqu’ici vous ne l’étiez pas, prononça Midoulet d’un ton conciliant, mais à présent que vous êtes renseigné, le crime de haute trahison serait nettement caractérisé.

Dans un geste éloquent de ses bras levés, le jeune homme parut prendre le plafond à témoin de sa malchance !

— Ah ! voilà bien ma déveine accoutumée qui se manifeste.

— Si vous m’écoutez, vous n’aurez rien à redouter.

— Si, la misère qui se cramponne à moi, comme l’huître à son rocher : aussitôt qu’une chose agréable s’avise de poindre à mon horizon… patatras ! la guigne l’éteint. Je suis comme la princesse de la fable : mes roses se transmuent en vipères, mes diamants en cailloux.

— Vous exagérez.

— Vous trouvez, vous ? Écoutez et jugez ; je crois accomplir un beau voyage, avec la fortune au bout de mon rêve ? Vous paraissez… Que reste-t-il ?

— La satisfaction du devoir accompli.

— C’est de la viande de carême, cela ; excellente pour jeûner. Ne pensez pas que j’hésite. Seulement, je trouve l’aventure ruineuse.

— Le service des Renseignements sait récompenser…

— Ne parlez pas de ça. J’ai des scrupules, c’est