Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le général a chargé du pantalon, sous couleur d’un pari. Eh ! eh ! subtil Japonais, un mensonge constitue un défaut sérieux à la cuirasse, même d’un Samouraï. Je crois bien que je vais vous toucher.

Mais secouant la tête, comme pour chasser une idée importune :

— Chaque chose à son tour. Pour l’instant, ne songeons qu’a mon câble.

D’une « anglaise » impeccable, il traça ces mots, dont ses adversaires eussent été désagréablement émus, s’ils avaient pu les lire :

« Chef, police anglo-égyptienne — Port-Saïd — Égypte. Prière mettre sous séquestre, tente des Messageries Maritimes, bagages des cabines 14, 16, 20 et 22, qui seront déposés à terre par capitaine Shanghaï, passagers ayant manqué départ Brindisi.

« Signé : Midoulet. »

Il relut, parut satisfait du libellé, passa la dépêche au guichet.

Cependant le général avait quitté Tibérade, pour se rendre sur le port, et le jeune homme reprenait le chemin de l’hôtel Cavour, tout en se remémorant les aventures de la veille. Les paroles de cet Ambrosini, qu’il veinait de croiser, se représentaient à sa mémoire. Le vêtement mystérieux harcelait sa pensée.

N’avait-il pas été naïf de croire à un pari ?

Car enfin, le bandit l’avait dit. Ce vêtement venait d’un haut personnage : il avait été remis au général Uko par l’entremise de l’ambassade japonaise à Paris. Quelle apparence qu’un ambassadeur se commit dans un pari… absurde, entre deux particuliers ?

La logique de la déduction ainsi conduite l’impressionnait ; mais, à son imagination ne se présentait aucune explication plausible.

Et il répétait inutilement les termes du problème posé devant sa perspicacité :

— Ambassade… Culotte… pari… Vérité… Mensonge.