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sager du bateau qui a surpris le secret. Expédiez ordres à Port-Saïd. »

Puis, la bizarre missive transmise, le Japonais rejoignit Marcel, et avec une apparence de rondeur :

— Cher monsieur, je vais vous laisser retourner seul à l’hôtel.

— Ah bah !

— Oui. Je veux m’enquérir des moyens de gagner Port-Saïd, sans perdre quinze jours à attendre le prochain courrier des Messageries Maritimes.

— Ne puis-je vous aider au moins ?

— Vous m’aiderez en vous rendant au Cavour, et en vous chargeant de dire à ma fille de ne pas s’inquiéter si je tarde quelque peu.

— À vos ordres, consentit le jeune homme, préférant de beaucoup la recherche de Sika à celle d’un steamer quelconque.

Et tous deux se dirigèrent vers la sortie. Ils allaient franchir le seuil, quand un gentleman les croisa, les frôlant au passage, et se précipita vers une tablette de correspondance. Marcel et le général eurent une sourde exclamation, et ayant dépassé la porte, ils s’arrêtèrent sur le trottoir, une incroyable surprise dans les yeux.

Chacun semblait hésiter à parler. Enfin, le Japonais se décida :

— Vous avez vu ce gentleman, monsieur Marcel Tibérade ?

— Oui ! je puis affirmer que je l’ai vu… et que j’ai cru le reconnaître.

— Moi, également.

— Vrai ! Alors, vous pensez comme moi que c’est… Ils prononcèrent ensemble, en un duo stupéfait :

— Ambrosini ! Le Seigneur de la Montagne. Le bandit qui nous a fait passer, hier soir, un si mauvais moment.

Midoulet, lui, tout en faisant courir sa plume sur une formule télégraphique, grommelait avec un sourire narquois :

— Mes précautions d’abord. Ensuite, je tâcherai de faire un brin de conversation avec ce monsieur, que