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ruelles aboutissant au port, tout près de l’Hôtel Internacional, qui fait face au débarcadère.

Marcel et son compagnon y parvinrent bientôt, sur les renseignements d’un facchino (commissionnaire) paresseusement étendu sur le perron d’une maison.

Tibérade prit une formule télégraphique et libelle la dépêche suivante :

« Capitaine Shanghaï — Port-Saïd — Égypte. Déposez valises cabines 14, 16, 20 et 22, tente Messageries Maritimes, Port-Saïd.

« Signé : Tibérade. »

Ayant achevé et passé ladite missive au guichet, il regarda autour de lui. Sur une tablette voisine, le général remplissait également des formules de l’administration des télégraphes.

— Vous n’avez pas fini ? interrogea Marcel.

— Non, j’en ai pour un instant encore.

— Oh ! à votre convenance.

Le jeune homme s’éloigna par discrétion, s’absorbant dans la lecture des affiches, dont les administrations publiques de tous pays se montrent si prodigues.

Pendant ce temps, le Japonais avait confectionné deux dépêches : l’une, adressée au capitaine du Shanghaï pour les bagages ; l’autre, rédigée en langage convenu, provoqua l’ahurissement du préposé au guichet.

L’étonnement s’expliquait, le câble étant ainsi conçu :

« Achetez douze canards cochinchinois, belle venue, pour duchesse. Petit habit bleu viendra sans retard prendre livraison ; sinon, prévenez Fantin. »

Ce qui, il faut bien traduire pour le lecteur, signifiait en langage ordinaire :

« Le pantalon voyage seul par la faute d’un pas-