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bandits avaient relâché Sika contre rançon. Il était inutile, en effet, d’ébruiter l’existence du message mystérieux, qui faisait naître une Camorra inédite.

Donc, Tibérade ouvrit les yeux, jugea au peu d’éclat du jour qu’il serait trop tôt pour se lever, et commençait à refermer ses paupières, quand on frappa à sa porte.

— Qui va là ? gronda-t-il, furieux contre l’importun qui mettait son doux rêve en fuite.

— Général Uko, lui répondit une voix assourdie.

— Vous, général ? reprit le jeune homme retrouvant le sourire, à l’audition de l’organe du père de la jolie Sika.

— Oui. Habillez-vous prestement, je vous prie.

— Je me hâte sans vous demander le pourquoi de ma précipitation.

— Oh ! vous le pourriez sans indiscrétion.

Tout en parlant, Marcel avait sauté du lit, revêtu un pyjama et dans cette tenue sommaire, il ouvrit :

— Entrez, mon général, entrez.

— Non. Je tenais seulement à vous prévenir, afin que nous sortions, le plus tôt possible.

— Pour ?…

— Mais pour câbler à Port-Saïd.

— Câbler ? à quel propos ?

À propos de nos valises, donc ! Il est inutile qu’elles s’en aillent en Chine sans notre compagnie.

— C’est juste ! pardonnez-moi mon étourderie.

— Nous télégraphierons au capitaine du Shanghaï, pour qu’il dépose nos bagages au bureau des Messageries Maritimes, à l’escale de Port-Saïd, où nous les trouverons à notre arrivée.

Sur ce, Uko se retira discrètement, afin de permettre à Tibérade de procéder à sa toilette ; un quart d’heure à peine écoulé, le cousin d’Emmie rejoignit le Japonais, faisant les cent pas sur le trottoir portant la façade de l’hôtel.

Toutefois, avant de descendre, Marcel avait entr’ouvert la porte de communication reliant sa chambre à celle de la petite Emmie, et s’était ainsi assuré que là fillette dormait à poings fermés.

La poste de Brindisi est située dans l’une des