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— Page, poursuivit Midoulet sans tenir compte de l’interruption, qui fut tracée par une main auguste.

— Je ne comprends pas.

— Je suis là pour vous éclairer, signor général. Et parlant clair, je vous dis : Sa Grandeur le mikado vous a fait remettre par l’ambassade nippons à Paris un pantalon…

— Vous prétendez ?

— Que ce vêtement ultra-diplomatique sera remis à moi parlant à votre personne… Je lui réserve une place d’honneur dans mes vitrines.

Le persiflage de l’agent fut coupé court par cette exclamation d’Emmie :

— Je ne me trompais donc pas… C’est bien le voleur de pantalons.

Le pseudo-Ambrosini esquissa un sourire. Cette fois, le sens de l’intervention de la fillette lui apparaissait.

Seulement, le général rappela son attention. Uko bredouillait :

— Le… le pantalon ? Vous voulez… Vous prétendez…

— Le recevoir en échange de la liberté de la signorina. Avouez que l’on ne saurait trouver bandits, plus accommodants que nous.

— Impossible ! balbutia Uko, au front de qui perlaient de grosses gouttes de sueur.

À l’audition de ce mot, Tibérade bondit :

— Comment ! clama-t-il. Vous préférez garder le vêtement et condamner Mlle Sika ?

— Hélas ! cet homme réclame la seule chose que je ne puisse lut donner !

— Mais la vie de vôtre fille est plus précieuse que le gain d’un pari…

— Non !

La négation tomba douloureuse, tragique, s’enfonçant dans le crâne de Marcel ainsi qu’un jet de plomb fondu.

— Vous dites : non ?

— Je le dis, le cœur déchiré…

— Mais vous offriez votre fortune à l’instant.

— Sans doute.