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nous que la mésentente, et le poignard n’est pas une solution de nature à satisfaire le tendre père que vous êtes.

Uko frissonna à ces menaçantes paroles.

La rage au cœur, horrifié par son impuissance, Tibérade considérait celui qu’il prenait pour un bandit avec l’envie folle de lui sauter a la gorge, de l’étrangler.

Emmie, en proie à une exaspération aussi grande, bien que d’une nature autre, grommelait, assourdissant sa voix grêle de fillette :

— Encore ce brigand !… Encore ce brigand ! Comment nous a-t-il rejoints ?

Le fait est que pour une petite Parisienne, ignorante des horaires des chemins de fer, la présence de Midoulet, abandonné à Marseille, avait quelque chose de fantastique !

Mais le général répétait d’un accent impérieux et suppliant :

— Quelle rançon ? Vous avez dit vrai, je suis un tendre père. Vous pouvez abuser de la situation. Ma fortune pour ma fille.

— Vous me croyez trop gourmand ! plaisanta Midoulet.

— Enfin, combien ?

— Votre question m’embarrasse, général !

— En quoi ? ne l’attendiez-vous pas ?

— Si, si, mais ce que je veux, que je veux absolument, ne saurait s’évaluer en espèces.

Et se penchant vers son interlocuteur stupéfié par l’affirmation, il continua :

— L’on nous juge mal. La Camorra n’est point une société de pillards. Elle contient des gens distingués. Certains mêmes sont affiliés au seul titre de fervents collectionneurs. Je suis de ce nombre. Mon but est de réunir chez moi certaines choses, sans valeur aux yeux des ignorants, mais ayant pour moi, moi qui sais (il appuya sur ces deux mots), un attrait irrésistible.

— Où voulez-vous en venir ?

— À ceci. Vous détenez une page d’histoire.

— Moi ?