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— La signorina manquerait-elle de quelque chose que nous puissions lui procurer ?

Elle secoua la tête :

— Ce n’est pas cela. Je songeais que notre paquebot, le Shanghaï, quitte le port de Brindisi à neuf heures !

La déclaration n’émut pas le bandit. Il se prit à rire et lança philosophiquement :

— Eh bien ! il partira sans vous, voilà tout ! Un malheur pour lui ; un bonheur pour nous autres, pauvres bandits, qui avons si rarement l’occasion d’admirer la beauté.

Midoulet-Ambrosini souriait agréablement à l’idée du Shanghaï gagnant le large sans emporter le général Uko et sa fille. Mais une résonance, lointaine encore, monta du fond du ravin. Le pseudo-camorriste se pencha en avant, prêta l’oreille, et Sika, comprenant qu’il advenait un fait devant l’intéresser, écouta avec attention. Le bruit s’accusait peu à peu. Au bout d’un instant, le doute ne fut plus possible. Une voiture roulait sur le fond rocailleux du ravin.

Le bandit… d’occasion, comme il se qualifiait lui-même en aparté, modula un léger sifflement. C’était un signal, car l’homme qui, tout à l’heure, avait apporté le dîner de la captive, bondit hors d’un amoncellement de roches et, la carabine à la main, se planta devant son chef, attendant évidemment ses ordres.

— Je vais à la rencontre de qui arrive, prononça gravement celui-ci. Batisto, veille sur la jeune fille.

— Jusqu’à la mort, capitaine, répliqua l’interpellé d’un ton dont frissonna la gentille Japonaise.

Elle était d’ailleurs en proie à une émotion violente. Était-ce son père qui occupait la voiture entendue ? Venait-il, chargé de la rançon exigée par les ravisseurs et dont elle-même ignorait l’importance ? Et puis non, elle était captive depuis trop peu de temps pour que le général eût pu déjà joindre le campement du Seigneur de la Montagne.

Cependant Ambrosini s’était enfoncé dans les ténèbres, allant à la rencontre d’Uko, car lui savait que