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— Une rançon, répéta Sika soudainement rassurée, ce n’est que cela ! Mon père est-il averti ?

— Il l’est et je l’attends. Reprenez confiance, signorina ; votre captivité sera, j’imagine, de courte durée ! Nous vous avons privée de dîner, sans mauvaise intention, j’en fais serment, nous n’avions pas le choix du moment d’agir, n’est-ce pas… Vous voudrez bien accepter le repas que je vais vous faire servir. Vous excuserez le menu de la montagne d’être moins copieux que celui des hôtels.

Il salua et disparut pour revenir quelques instants après, suivi d’un second bandit porteur d’une torche et d’un panier. L’homme planta la torche dans une anfractuosité, étala devant Sika une nappe blanche et y déposa les victuailles extraites du panier. À mesure que ces préparatifs s’accomplissaient, le chef Ambrosini annonçait ainsi qu’un maître d’hôtel :

— Coquillages de la côte d’Otrante ! Perdreau rouge ! Fromage de chèvre ! Vin d’Agrigente !

Son énumération achevée, il conclut d’un ton à la fois familier et respectueux :

— Bon appétit signorina.

Les bandits s’éloignèrent, semblant se dissoudre dans les ténèbres.

Tranquillisée de ne les avoir plus sous les yeux, la prisonnière se contraignit à attaquer les aliments mis à sa disposition : mais elle grignota du bout des délits, son appétit chassé par l’anxiété de sa situation présente.

Le décor qui l’entourait versait d’ailleurs la mélancolie. La lune drapait de rayons bleutés les sommets aux formes fantastiques, et le cri des oiseaux de nuit en chasse semblait une plainte exhalée par la montagne.

Pour échapper à l’oppression des choses, machinalement, Sika consulta sa montre, elle eut une exclamation :

— Neuf heures ! Le Shanghaï devait reprendre la mer à cette heure !

Sa voix vibrait encore, qu’Ambrosini se dressait devant elle, demandant :