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sur un plateau rocheux, bordant un ravin, dont les flancs abrupts apparaissaient hérissés d’une végétation étrange. En arrière, les montagnes calabraises dressaient, ainsi qu’un puissant rempart, leurs cimes capricieuses vers le ciel nocturne constellé d’étoiles d’or.

Stupéfaite, elle promena autour d’elle des regards effarés, croyant rêver d’abord ; mais cette pensée dura peu. Elle était bien éveillée, il lui fallut le reconnaître à regret.

Éveillée ! Que signifiait son aventure ? Où était-elle ?

Comment se trouvait-elle en ce lieu ? Elle se souvenait d’être entrée dans le salon de l’hôtel Cavour, et maintenant elle se voyait au milieu d’une solitude ! Et la nuit l’environnait ; des rochers déchiquetés arrêtaient ses regards !

Bien que naturellement brave, la jeune fille se sentit prise d’épouvante.

Un instant, elle eut l’impression douloureuse que sa raison sombrait.

Et sans en avoir conscience, elle poussa un cri angoissé que les échos de la montagne répétèrent lugubrement.

Ce cri fit apparaître une nouvelle cause de terreur. La vibration n’en était pas éteinte, qu’une ombre humaine se détachait d’un rocher et s’approchait à grands pas.

Elle discerna dans l’obscurité un homme de haute taille, vêtu en paysan, mais portant une carabine sur l’épaule.

— La signorina désire quelque chose ? fit-il d’un ton paisible et obséquieux.

— Savoir où je suis, balbutia Sika, surprise par l’étrangeté de la situation autant que par l’attitude de l’inconnu.

— Facile. Vous êtes chez le Seigneur de la Montagne ; mais que la signorina ne s’effraie pas, continua-t-il en réponse à un geste d’effroi de la prisonnière. Ambrosini, le camorriste, chef du district a ordonné le respect et la douceur. La signorina doit représenter une belle rançon.