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vour. Là, pour expliquer sa présence, il se prétendit chargé de remettre son fardeau à un certain M. Stephenwill, descendu au Cavour-Hôtel.

Ledit Stephenwill, bien entendu, n’existait que dans l’imagination de l’agent.

Ce qui n’empêcha pas celui-ci de jouer le dépit quand on lui déclara que le voyageur était inconnu.

— Pas possible ! Il m’a bien dit le Cavour. Permettez-moi de l’attendre un peu. Cela me donnera le temps de souffler. Il arrivera peut-être ; je préférerais cela à faire le tour des hôtels pour rejoindre le propriétaire de cette satanée malle.

Bref, le gérant, étourdi par ses lamentations, lui octroya la licence demandée.

Dès lors, l’exécution du plan de l’agent devenait un simple jeu.

La bouquetière engagée emprunta subrepticement le tablier et la coiffure d’une fille d’étage, éloigna Emmie du lavabo ; puis, Sika isolée, elle vint lui annoncer que son père l’attendait au salon, désert à cette heure du jour.

Or, à peine la jeune fille y fut-elle entrée, qu’un voile imbibé de chloroforme fut jeté sur sa tête, l’anesthésia complètement, la transmuant en une statue inanimée, que le faux commissionnaire enferma aisément dans sa malle. Il rechargea l’encombrant colis sur son dos et l’emporta au dehors, sans que, au milieu du brouhaha des allées et venues de cet hôtel fréquenté, personne soupçonnât le rapt audacieux qui s’accomplissait.

À cinquante pas, une voiture attendait.

Midoulet y déposa son fardeau, y prit place, et le véhicule fila vers la montagne. L’enlèvement était réalisé ; l’agent détenait l’enfant bien-aimée du général.

L’un des coquins, aux gages de Midoulet, avait suivi l’opération de loin. Il choisit le moment opportun pour déposer, sans être aperçu, dans le bureau de l’hôtel, la lettre toute préparée, destinée à amener le général Uko en présence du ravisseur de sa fille.

En reprenant conscience, Sika se trouva étendue