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Ceci eut un effet inattendu. Le cocher, se dressa brusquement sur son siège :

— Le temps fixé par le Commandant de la Montagne est écoulé. Que les signori et la signorina remontent, en voiture ; je vais les conduire au rendez-vous réel.

Et tous, stupéfaits, questionnant :

— Vous le connaissez, donc ?

— Oui, Excellences.

— Alors, pourquoi cette attente inutile ?

— Inutile, non pas ! Il fallait bien m’assurer que les signori n’avaient pas prévenu la police. Elle est subtile, la police, moins pourtant que nous. Je rends hommage à la loyauté des Excellences. Les carabiniers ignorent leur promenade.

L’impertinence du banditisme italien tenait tout entière dans ces paroles. Mais les voyageurs n’étaient pas en posture de discuter. Peu importait d’être nargués par les camorristes, si l’on délivrait Sika.

Aussi, sans murmurer, reprirent-ils place dans le véhicule, qui se remit aussitôt en route.

Où donc était Sika ? Comment avait-elle été entraînée si loin de l’hôtel Cavour ? Aucun de ses amis n’eût pensé que tout cela était l’œuvre d’un simple commissionnaire, ou du moins d’un homme affublé de la tenue spéciale à ces travailleurs.

Oui, un commissionnaire spécial, un camorriste fantaisiste, et Français par-dessus le marché. Pour tout dire d’un mot, l’enlèvement de la jeune fille était la revanche de Midoulet.

L’agent, berné à Marseille, gagnait la seconde manche à Brindisi.

Et de la façon la plus simple, la plus ingénieuse, la plus audacieuse en même temps.

Le chemin de fer l’avait amené à Brindisi avec six heures d’avance sur le paquebot Shanghaï, ainsi que le lui avait indiqué son camarade du service des Renseignements, si opportunément rencontré sur le quai massiliote.

Au sortir de la gare, il s’était tenu ce raisonnement : « Pourquoi chercher à dérober le pantalon diplomatique et risquer ainsi de le poursuivre jus-