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la ville et l’on s’engagea sur la voie du Nord, laquelle se raccorde à peu de distance avec la grande route royale de Naples.

La nuit était venue.

À présent, le carrosse roulait en pleine campagne, entre les plantations de lauriers-roses, qui sont la spécialité de la région, et dont on extrait un parfum très violent, peu goûté des Européens, mais recherché par les Orientaux.

Puis les plantations s’espacèrent, disparurent complètement.

La campagne se dénuda. Des rochers percèrent le sol ; les rampes succédèrent aux rampes, annonçant que l’on escaladait les premiers contreforts de la chaîne montagneuse de l’Apennin.

Sur un plateau, le véhicule fit halte.

Les voyageurs regardèrent autour d’eux. Pas un arbre, pas un buisson.

À droite de la route, une colonne de pierre se dressait seule au-dessus du sol.

— La colonne Pompéïana ? demanda le général.

— Oui, Excellence, répliqua le cocher qui, philosophiquement, alluma une cigarette.

— Vous ne voyez personne ?

— Non… mais mon cheval préfère cela. La route est dure et il a besoin de souffler.

Le calme de l’automédon réagit sur les voyageurs. Ils descendirent de voiture et se promenèrent de long en large.

Il n’y avait qu’à attendre, en effet, les inconnus qui, par leur lettre, avaient désigné le lieu du rendez-vous.

Seulement les minutes se succédèrent. Une demi-heure s’écoula, lente, interminable.

Le général se montait peu à peu, grommelant entre ses dents des propos peu flatteurs pour la Camorra et les camorristes.

Sa voix s’élevait graduellement, et soudain, sa colère faisant explosion, il rugit avec une rage douloureuse dont sa voix se faussait :

— Ah ! ces bandits jouent avec mon cœur !