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— Qu’entendez-vous par Camorra ?

Un officier de bersaglieri, ces zouaves de l’armée italienne, qui, en petite tenue, substituent à leur chapeau à plumes la chéchia de nos chacals, un officier présent répondit :

— La Camorra est une association puissante, dont la main est dans tout événement inexplicable.

— Une association de bandits, rugit le général.

Son interlocuteur secoua la tête.

— Ils emploient parfois des procédés de bandits, les Camorillos ; mais leur but est surtout politique, et dans l’espèce, je pense qu’ils ne sauraient être incriminés.

— Parce que ?

— Parce que vous êtes étrangers, et que vous n’avez rien à voir dans les affaires publiques de ce pays.

Puis, avec cette facilité d’élocution, si remarquable chez les Italiens, le bersaglieri continua :

— Ah ! si vous n’étiez pas étrangers, je serais moins affirmatif. Un habitant de la province peut être en discussion avec un camorriste, et alors l’association prend en mains les intérêts de son affilié…

Mais vous, descendus à terre pendant une escale du paquebot, la Camorra vous ignore.

— Et moi, j’ignore ce qu’est devenue ma fille.

D’une voix frémissante, le général avait lancé la phrase douloureuse. Tibérade le regardait, les yeux troubles, sentant son cœur battre à grands coups dans sa poitrine.

Emmie piétinait, examinant les assistants avec défiance, espérant à chaque instant reconnaître la femme, dont les propos mensongers l’avaient séparée de Sika, dans le but évident de livrer celle-ci, sans défense, aux ennemis inconnus qui la tenaient prisonnière à cette heure, car telle était l’explication que la fillette en arriverait à admettre comme l’expression de la réalité.

Et tout à coup, tous ont un sursaut.

Le chef de la réception s’est approché. Il tient une lettre entre ses doigts.

— Le signer général Uko ! prononce-t-il.