Page:Ivoi - Le Message du Mikado.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les hôtels de Brindisi ; à chaque instant, des voyageurs, en bisbille avec leurs serviteurs, nous enlèvent des domestiques pour remplacer ceux dont ils se séparent…

L’Italienne allait se lancer dans des considérations variées sur ce thème ; Marcel coupa court à cette dissertation menaçante :

— Enfin, vous ne la connaissez pas ?

— Je répète au signor qu’en effet…

— Alors, comment affirmez-vous qu’elle fait partie du personnel de l’hôtel ?

— À la coiffure, au costume, j’en ai jugé ainsi, signor. Mais vous concevez, les employés changent, continua la femme, enfourchant de nouveau son dada ; c’est un va-et-vient sans arrêt. Il faudrait une tête d’archange pour s’y reconnaître. Et moi, Mathilde Caspriconi, je ne suis qu’une pécheresse qui attend le salut de la seule bonté de la Madone.

Il était évident que l’on ne tirerait rien de cette bavarde insipide.

Uko, suivi de Tibérade et d’Emmie, l’inquiétude de tous croissant de minute en minute, devenant de l’angoisse, passa au salon de lecture, au fumoir, dans les salles à manger.

Sika demeurait invisible.

Alors, il fallut avoir recours au personnel. Mais une nouvelle surprise attendait les voyageurs.

Aucune fille de chambre n’avait appelé Sika. Du reste, Emmie déclarait que celle qui lui avait, à elle-même, fait quitter le lavabo, ne se trouvait pas parmi les servantes défilant sous ses yeux.

Bientôt, la rumeur d’un drame mystérieux emplit l’hôtel.

Voyageurs et employés se trouvèrent rassemblés sous le vestibule, discutant, prononçant des mots inintelligibles pour les intéressés, frémissant d’impatience et d’anxiété.

Deux de ces vocables surtout revenaient souvent.

— Camorra, Camorillo, répétaient tantôt les uns, tantôt les autres.

À la fin, Tibérade impatienté interrogea rudement :