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insupportable. Serai-je indiscret en vous demandant de m’expliquer la psychologie et l’acharnement de cet importun, car enfin un pari…

Uko eut un mouvement dépité. Cependant, il répliqua d’un ton très calme :

— Pourtant comme je vous l’ai dit, il s’agit d’un pari.

— Considérable, alors ?

— Vous dites le mot juste.

— Une fortune ?

Ces cinq syllabes semblèrent mettre le Japonais à l’aise.

— Oui, répéta-t-il gravement, une fortune, une grande fortune !

Et, allant au-devant de nouvelles interrogations :

— Ne me demandez pas de détail. Je rougis de m’être engagé, à mon âge, en pareille affaire. Qu’il vous suffise de savoir que, multimillionnaire, je serais sensiblement ruiné si je perdais.

— Diable !

— Et la ruine serait le moindre malheur. Ma vie, celle de Sika, seraient en péril.

— Votre vie, celle de Mlle Sika ?

— Oui.

— Mais c’est donc un pari de sauvages, s’exclama le cousin d’Emmie, incapable de contenir sa stupéfaction.

Un instant, l’interlocuteur du jeune homme le considéra avec une expression étrange, faite de gravité et d’ironie, puis lentement :

— C’est presque cela. Vous avez entendu parler de la vieille caste guerrière du Japon : les Samouraï. Courage à toute épreuve, cruauté sans nom. Supposez que mon adversaire est un Samouraï, qui a conservé intactes toutes les violences et toutes les grandeurs des ancêtres, et qui considère que le gain de notre pari consacre une affaire engageant son honneur.

— Diable de diable, grommela Tibérade, un père de famille ne devrait pas s’aventurer dans pareille galère.

Le général secoua la tête ; Marcel interpréta ce