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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

loups-garous célestiaux, lesquels se dénomment le Tigre, le Dragon, le Fong-Tchoué, et cœtera.

Sans doute Joyeux et Sourire ne partageaient pas ces terreurs car, sous le soleil ou sous les étoiles, ils parcouraient, insouciants, les sentiers escarpés du massif du Chan-Toung.

Leurs compatriotes avaient même fini par les considérer comme quelque peu magiciens, et cela, à la suite d’une aventure qui avait transformé le duo des jeunes orphelins en quatuor.

Une ménagerie de passage s’était arrêtée à Kiao-Tcheou.

Elle comprenait notamment une quinzaine de ces jolies et féroces panthères noires, si redoutées à Sumatra, dans la presqu’île de Malacca et dans le Sud-Hindoustan.

Or, deux de ces félins s’échappèrent un beau jour.

On les poursuivit, on dirigea contre eux une fusillade nourrie, mais sans doute inefficace, car ils gagnèrent la montagne et disparurent.

Certain dimanche, dans le Bassin Neuf, on procédait au lancement d’un navire électrique, dont la machinerie toute spéciale avait été façonnée dans les ateliers de l’usine Fas-Yen.

Les ouvriers de l’usine, artisans du nouveau navire, étaient accourus en foule pour assister à ce lancement.

Et tout près du plan incliné sur lequel se dressait, soutenu par ses étais, le vaisseau portant sur son tableau d’arrière ce nom : Maharatsu, Joyeux et Sourire, âges alors d’une dizaine d’années, dissertaient gravement.

— Moi, faisait la fillette, je ne comprends pas.

— Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? questionna son compagnon.

— Comment le Maharatsu s’approvisionnera d’électricité.

Le garçonnet leva les bras au ciel :

— C’est pourtant limpide. Le contremaître Jorki m’a expliqué…

Tous deux s’assirent sur une solive, et Joyeux reprit :

— Tu comprends bien que la ligne de flottaison du bateau est au ras de l’eau. Et que sa quille se trouve sept mètres plus bas.

— Oui.