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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Prisonniers n’est pas un mot juste, reprit-il… Notre Maharatsu est un navire à double fond, où les prisonniers jouissent du pont, de la lumière, alors que nous occupons les parties basses, où l’électricité seule nous éclaire.

— Enfin, que font-ils ?

— Ils sont plus calmes, Seigneur.

— Cherchent-ils toujours la porte dissimulée qui relie leur séjour au nôtre ?

— Non. Ils semblent avoir reconnu l’inutilité de leurs investigations.

— Ah ! ah ! et la petite duchesse ?

— Chaque jour, dès onze heures et demie, elle attend sur la passerelle.

Log fronça le sourcil.

— Je n’aime pas cela. Quel Intérêt peut-elle avoir à se rendre si exactement compte du chemin parcouru ?

— Je l’ignore. Au surplus, si cela te déplaît, ordonne que le point ne lui soit plus donné.

Le Graveur de Prière, puisque tel est le titre qu’il avait pris dans sa communication à l’Impératrice du Japon, le Graveur de Prière secoua la tête.

— Non… je ne veux entrer en lutte avec elle pour aucune chose secondaire… Le hasard, un hasard fâcheux, mon brave San, l’a jetée au milieu de nos combinaisons. Elle n’en sait pas assez pour que je la condamne à disparaître… d’autant plus qu’elle peut nous être utile, comme à La Haye, grâce à son affection pour son nigaud de mari… Et cependant elle en sait trop pour que je ne m’inquiète pas de ses moindres faits et gestes.

— Oh ! Seigneur, t’inquiéter… le mot est fort !…

— Mais juste !… Cette petite Française est une volonté, une audace, un courage…

— Et aussi, comme toutes ses compatriotes, une légèreté !

Le visage de Log exprima le doute.

— Bon, Seigneur, tu ne vas pas nier cela.

— Pourquoi ?

— Parce qu’elle a pris la peine de nous le démontrer hier soir.

— Démontrer… c’est bientôt dit.

— Tu as ri toi-même. Elle était à table, dans le dining-room, avec le duc Lucien, Mona Labianov et Lotus Nacré. Elle se croyait bien à l’abri des indis-