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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Ce sera fait, Aurore de Nippon.

— Enfin, bonze, prends ce parchemin, — elle lui tendait un carré de papyrus couvert de signes rouges, — prends-le… Notre trésorier général te comptera deux mille yen d’or pour ton temple.

— Ô Impératrice… quels mots seraient dignes d’exprimer le plaisir de te servir !

— Deux me plaisent, Lao-Tésu.

— Enseigne-les-moi.

— Tu pratiques déjà les vertus qu’ils représentent : Obéissance, Discrétion.

Puis, la voix changée :

— Va, Lao-Tésu, la Pensée Aimable de ta Souveraine t’accompagne.

La suivante Cerise, appelée par une sonnerie, parut, et respectueusement conduisit au dehors le messager du sans-fil.

Quant à l’Impératrice, elle attendit un instant, puis elle sortit à son four et s’enfonça, songeant aux destinées futures du peuple nippon, dans les méandres des jardins aux fleurs bizarres, aux arbustes capricieusement taillés en forme d’animaux, de vases, d’étoiles.

Dans ce décor fantaisiste, sa silhouette gracieuse, quasi enfantine, secret du charme de la Japonaise, eût provoqué chez un Occidental des idées de tendresse, de joie subtile et délicate.

L’Occidental se fût mépris.

L’Impératrice s’abandonnait à un rêve de domination.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Dans une cabine assez spacieuse, dont les parois, sur trois faces, étaient recouvertes d’appareils : tableaux de direction, baromètres, oromètres, thermomètres simples, à maxima, à minima ; dont toute la quatrième cloison disparaissait entièrement sous une étoffe d’un gris pâle soigneusement tendue, Log et San, les deux géants jaunes, causaient :

— Où sommes-nous exactement, San ?

— Nous avons doublé le cap Horn, Soigneur, et nous remontons vers le nord, en prolongeant au large la côte du Chili.

— Et nos prisonniers ?

Log eut un rire saccadé qui arrêta la réponse sur les lèvres de son compagnon.