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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

n’avait dit que la vérité exacte… mais une mystérieuse trame l’enveloppait, annihilait tout effort tenté pour s’évader de la funeste influence.

À l’heure où paraissaient les feuilles que s’arrachaient les lecteurs avides de nouvelles, elle était assise dans le magnifique jardin entourant les constructions de la maison de santé du docteur Elleviousse.

Elle regardait pensive Mona, dont la raison, hélas ! avait succombé à tant d’épreuves. La jeune fille était debout, obstinément tournée vers l’Est, où se profilaient les cimes des Alpilles… Elle murmurait d’un ton monotone :

— Oui, l’ombre est triste… C’est là-bas, vers l’Orient qu’est la lumière… C’est là-bas qu’il faut aller… Clarté ! clarté… tu es là-bas !

Et la petite duchesse, dont la vaillance se montrait décidément indomptable, prononça à haute voix :

— Le Drapeau Bleu est dans tout ceci… Lucien ! Dodekhan !… Ils doivent être vengés !… Nous restons seules, seules, et il faut que nous nous vengions.

Elle eut un rire grelottant :

— Ah ! bons aïeux de la Roche-Sonnaille, vous qui avez haussé les épaules quand la petite Lillois est entrée dans votre famille… ce que je rêve est plus difficile qu’aller aux Croisades…

Avec une volonté ardente, qui jeta sur son gracieux visage, un masque de surhumaine énergie, elle affirma d’un ton d’autorité étrange, de décision exaspérée, inquiétant comme le danger qui plane, comme la foudre prête à éclater :

— Et cependant je le ferai !


FIN