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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

que n’indique-t-il pas qua la communication téléphonique et téléphotique va commencer ?

C’est cela pourtant… cela, et pas autre chose !

Le panneau que leur a montré M. Rodel devient perceptible aux regards. Il s’éclaire d’une lueur bleutée et l’intensité augmente bientôt.

Elles ont un même cri.

Sur l’écran, elles reconnaissent la salle de la villa, où elles furent prisonnières avec leurs amis après leur fuite de la maison de détention de Calcutta.

Oui, oui… Voici bien les fenêtres s’ouvrant sur les Jardins, les colonnettes graciles, les frises capricieuses.

Voici les sièges où les jetait leur douleur… La table à laquelle s’appuyait Dodekhan, lorsque Lucien apportait les propositions qui devaient décider de la fierté de celles qui revivaient maintenant ces heures terribles en France, si loin du pays, de l’habitation dont le sans-fil apportait le reflet sur un écran de toile.

— Log !… San !

Ces deux noms, la duchesse, Mona, les murmurent en même temps.

Porté par son serviteur, le Maître du Drapeau Bleu vient d’apparaître dans la salle hindoue.

Avec des précautions de mère pour son enfant, l’athlétique San dépose le hideux infirme, toujours rivé à la planchette qui supporte le tronc humain ; il le dépose sur un fauteuil de bambou qu’il tire doucement auprès de la table aux délicates incrustations d’ivoire.

Puis, sur un signe de ce maître qu’il sert avec un aveugle dévouement, San va vers la porte, appelle :

— Le Seigneur Log attend !

Deux petits cris étouffés retentissent dans le cabinet du docteur Rodel.

Ni Sara ni Mona elle-même n’ont pu arrêter cet aveu d’effroi en entendant résonner à leurs oreilles cette voix ennemie qui parle à trois mille cinq cents lieues d’elles.

Instinctivement elles se rapprochent, s’enlacent, mais elles regardent toujours.

Et la scène se poursuit sur l’écran.

À l’appel de San, Dodekhan paraît dans l’encadrement de la porte. Le jeune homme est triste et pâle… Sa main gauche, celle qui a été traversée par le clou