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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

thes, le Caucase et le Pamir ; sans doute, nos amis, permettez-moi de leur donner ce titre, sont prisonniers dans une enceinte, reliée elle-même au réseau.

— Vous croyez ?

— La dépêche est claire pour moi. Lisez : ferai voir ce que l’on espère… cela signifie : Disposez l’écran du téléphote, le parleur du téléphone.

— Pardon, vous dites…

— Je dis téléphote, appareil qui reproduit les images à distance, comme le téléphone apporte la voix… Le sans-fil assure le fonctionnement de ces appareils aussi bien, sinon mieux que les conducteurs ordinaires[1].

Mona eut un cri :

— Quoi… Est-ce que je m’abuse ?… Vous affirmez que je pourrais entendre…

— Ce cher Dodekhan, l’entendre et le voir, oui, Mademoiselle.

Du coup, les fruits vermeils, les pâtisseries dorées furent oubliées. Sara, Mona, délicieusement troublées par l’incident, accablaient leur hôte de questions auxquelles il répondit le plus gracieusement du monde.

Il dit le fonctionnement du téléphote et du téléphone, ces deux instruments frères, agissant identiquement pour les ondes sonores et pour les ondes visuelles. Il se livra à un véritable cours de physique, démontrant que lumière, chaleur, son, électricité, etc., sont des effets multiples d’une cause unique, la vibration.

Bref, il professa de si bonne grâce, de façon si intéressante, que les visiteuses furent stupéfaites d’entendre sonner onze heures.

Excuses, rires, shake-hands cordiaux, et l’on se sépara, non sans que Mona et sa compagne eussent senti en elles une pointe d’émotion, en prononçant ces mots de si grande banalité apparente :

— À demain !

— Oui, à demain !

Pour elles, ces syllabes signifiaient :

— Demain, sur l’écran réflecteur d’images du téléphote, nous verrons ceux auprès desquels sont restées nos âmes.

Elles s’endormirent, bercées par la troublante féerie

  1. C’est ce que démontrent les expériences du Thylwain (États-Unis).