la douleur de l’autre, chacun aura la joie de penser : l’enfer torture mon corps ; l’enfer torture le sien.
— Dodekhan, au nom du ciel…
Le duc n’a pu retenir la clameur suppliante… Il ne songe plus à lui, il ne songe pas à Sara, mais seulement à ces deux condamnés, jeunes, beaux, et qui vont périr atrocement.
Mais son appel s’éteint dans le silence.
Le Turkmène, la jeune Russe ont détourné les yeux.
Et des tortionnaires entourent Dodekhan.
— Quelle peine ?
— Crucifié !
Question des esclaves, réponse du Maître sonnent douloureusement. Et les misérables s’empressent.
Les uns soulèvent le bras gauche du Turkmène, appliquent sa main, la paume tournée en dehors, sur la pièce de bois placée en croix au sommet du poteau de torture.
Tout à l’heure, le duc se demandait pourquoi cette solive en T. À présent le drame lui-même lui répond.
Un bourreau s’est armé d’un long clou d’acier, à la tête massive et carrée. Il en place la pointe au centre de la paume du condamné.
— Dodekhan, il en est temps encore. Veux-tu parler ?
D’un énergique mouvement de tête, le Turkmène refuse et Log, sans hausser le ton, s’adresse à un exécuteur qui se tient debout, un court marteau levé, prêt à frapper :
— Va !
Le marteau décrit un arc de cercle rapide et s’abat avec un bruit éclatant sur le clou.
Il y a des craquements d’os… la tige d’acier a disparu dans les chairs d’où giclent des filets de sang.
— Non, non, je ne veux pas… je ne veux pas… Dodekhan, entendez ma voix… Non… Ne luttez plus… je ne puis pas vous voir souffrir.
C’est Mona, Mona qui se tord vainement dans ses liens. Elle est livide.
Le Maître du Drapeau Bleu, lui, n’a pas fait un mouvement.
Et maintenant, il demeure immobile, une main clouée à la croix, les paupières abaissées, comme étranger à tout ce qui se passe autour de lui.
Le, sang ruisselle de sa paume déchirée et les gouttes