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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

temps déterminé pour l’arrivée de sa déclaration démontrant qu’elle et Mona sont en sûreté ?

— Serrez-moi la main, rugit le Maître du Drapeau Bleu, tendant son bras valide vers son prisonnier… Par ma foi, voilà qui arrange tout. Je connais Dodekhan… Vous avez bien traduit ma pensée en l’assurant de mon estime… Qu’il promette cela, il tiendra… Il est incapable de se soustraire à la parole donnée… Et, ajouta-t-il avec un ricanement, Mme la duchesse de la Roche-Sonnaille n’aurait jamais la cruauté de vous condamner à mort par son silence.

— Vous pourriez dire encore, continua le jeune homme avec un sourire, que nous gardant tous deux auprès de vous, la libération de nos compagnes est plus apparente que réelle. En leur annonçant notre supplice proche, elles reviendraient se livrer.

Les yeux de Log flambèrent.

— Et vous me dites cela, vous ?

— Sans la moindre arrière-pensée… Je crois que tantôt, vous n’avez rien déguisé de votre âme… L’empire de l’Asie seul vous importe. Nous sommes des vermisseaux, dont l’écrasement ou le salut vous laisse indifférent… Vous ne prendrez pas la peine de nous tromper.

La satisfaction de l’horrible tronçon humain qu’était le Maître, parut s’accroître encore.

— Décidément, je me suis mépris sur votre compte, monsieur le Duc. Vous jugez sainement les choses. Aussi, quoi qu’il arrive, vous donnerai-je une marque de ma Bienveillance. Si Dodekhan persistait à garder ses secrets, vous mourrez… mais sans souffrance. La torture sera épargnée à vous et à votre femme, bien que ce soit par elle, par sa volonté que j’aie été réduit à l’état lamentable où je me trouve.

Lucien s’inclina.

Dans les circonstances tragiques au milieu desquelles il se débattait, c’était une joie réelle que cette promesse d’un trépas brutal, soudain… Un éclair qui frappe, qui anéantit, n’est point cruel.

Mais une musique étrange le tira de ses réflexions.

On eût cru qu’au dehors, sous les arbres du parc, d’invisibles musiciens faisaient vibrer des instruments à cordes.

Et soudain la porte du Pavillon Rouge s’ouvrit au large.

Dodekhan, Mona, la duchesse, encadrés par des