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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

dekhan. Sara avait enflammé une allumette. Le jeune homme déplia la missive. Mais à peine y eut-il jeté les yeux qu’il poussa un cri de joie :

— Sauvés… Ils nous sauvent, les braves enfants !

— Que disent-ils ?

— Ceci… Toutes les routes sont tenues par des affiliés. Traversez le bois, gagnez la route de Laabad. Nous quatre seulement la surveillons, car on suppose que vous descendrez vers le Gange et l’on a porté le principal effort de ce côté.

L’allumette s’éteignit.

— Après, après ? murmurèrent des voix anxieuses.

— C’est tout.

— Alors, en route, suivons l’itinéraire indiqué.

Dodekhan marqua une dernière hésitation :

— Il nous éloigne du fleuve, du port.

— Ne pouvons-nous les rejoindre par un détour suffisamment large ?

— Non, c’est de ce côté que les espions ont les yeux ouverts… Le mieux, je crois, serait de tourner la ligne de ces drôles, de gagner l’une des stations du railway de Calcutta-Bombay, et de filer sur ce dernier port. Ce n’est pas dans cette direction que se porteront les premières recherches des autorités anglaises ni de nos ennemis.

— Oui, mais le railway ne fait pas crédit, et l’on nous a dépouillés de tous nos objets de valeur.

Dodekhan fit entendre un rire léger :

— Vous, oui ; moi, non.

Et comme tous accueillaient cette déclaration par un murmure dubitatif :

— Pendant que nous étions enfermés dans la cale du Majestic, j’ai caché dans la doublure de mes vêtements pour vingt mille livres de bank-notes.

— Vous ?… Quand ? je n’ai rien vu.

— Ne croyez pas pour cela avoir les yeux mauvais, plaisanta le jeune homme, décidément rasséréné par la missive de master Joyeux. J’ai profité de votre sommeil pour me livrer à cette utile opération.

— Vous vous êtes caché de nous.

— Parfaitement !

— Alors que d’un mot, vous auriez pu nous éviter d’être dévalisés par le greffe anglais.

— Je tenais à ce que vous fussiez dévalisés.

Un oh ! mécontent jaillit des lèvres des compagnons