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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Achève.

— Je viens de sentir que je te haïrais si tu lui devenais chère !

Les regards des jeunes filles se croisèrent. L’éclair des yeux noirs se heurta au rayonnement d’acier des yeux bleus, puis ces lueurs s’éteignirent, et en même temps, détournant la vue, elles dirent d’une voix mal assurée, vague, comme lointaine :

— Le Pavillon du Bois.

Devant elles s’étendait le vaste tapis vert des pelouses semées de loin en loin de massifs d’arbres touffus.

Des blancheurs de statues se montraient de-ci de-là, et formant le fond ainsi qu’un écran, la façade du château, avec ses deux ailes, dominées par la coupole de la salle d’Orange, étalait son architecture d’un composite amusant datant partie de 1647, partie de 1748. À travers les carreaux d’une fenêtre se distinguait confusément le buste de marbre d’Amélie de Solms, veuve du Stathouder Frédéric-Henri d’Orange, qui chercha à consoler son veuvage en édifiant le castel autour de la salle que marque la coupole, consacrée à la mémoire du défunt.

Et à gauche, masquant l’angle de l’aile du bâtiment, s’enguirlandait de plantes grimpantes le cabinet de verdure édifié naguère pour Louis Bonaparte, qui affectionnait cette retraite.

Cependant les pères avaient rejoint les jeunes filles.

Elles purent entendre ces paroles, prononcées par le comte Ashaki :

— Le statu quo… évidemment, le statu quo… La porte ouverte ; chacun pour soi. La Confédération est commerciale, pacifique… elle ne saurait avoir un but de guerre…

Il s’interrompit en remarquant l’attention de Mona et de Lotus-Nacré.

Et les quatre promeneurs, faisant le tour du pavillon d’angle supporté par des arcades romanes, parvinrent devant l’entrée principale et gravirent les deux régimes de dix-huit degrés accédant à la terrasse, où s’ouvrent les trois portes-fenêtres par lesquelles on pénètre à l’intérieur du palais.

Plusieurs personnes, au passage, serrèrent la main des deux congressistes : le comte Bianchi, M. Lothz, sir Andrew Black, le duc de Fez, le baron