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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

nonne et m’impose la visite absolument comme si j’étais en rupture avec les lois internationales.

Froidement, redevenu maître de lui-même, l’officier murmura :

— C’est en effet pour ce motif…

— Pardon, vous dites ?… s’exclama Sara, incapable de se contenir, plus longtemps.

L’Anglais marqua une inclination à l’adresse de la jeune femme.

— Je porte les paroles de mes chefs, sans avoir à les modifier ou à les expliquer. Je suis chargé de vous inviter à passer à bord du Majestic, cuirassé amiral, et de prendre possession de ce navire.

— Possession du Maharatsu !

— Lord amiral Ironstick vous donnera toutes explications nécessaires. Je pense du reste que les noms que vous avez prononcés tout à l’heure — ici nouveau salut à l’adresse des jeunes femmes — feront disparaître tout soupçon.

— Mais, se récria la petite duchesse, votre amiral pourrait se déranger, sans obliger des femmes à se rendre à son bord.

— Je suis officier, madame, et j’exécute les ordres…

— Mais je ne suis pas officier, monsieur, et je n’ai pas à en recevoir…

L’Anglais ne répondit pas !

— J’ai bien envie, continua la Parisienne très agacée par la mine imperturbable de son interlocuteur, de refuser de répondre à une aussi peu courtoise invitation.

L’officier eut un léger frémissement.

— Madame, permettez-moi, avant de prendre une résolution de ce genre, de vous apprendre ce qui en résulterait.

— Pas grand’chose, je pense. Si l’amiral est un gentleman, il me comprendra…

— Il ne comprendra rien, car il ignorera votre refus.

— Comment ?… Vous ne lui transmettrez pas ?…

— Voici mes instructions, madame. En cas de résistance, je dois rejoindre mon bord et torpiller ce bâtiment.

Tous eurent un sursaut. Mais Sara, rageuse, reprit :

— Rien de plus facile que d’éviter cet acte de bandi-