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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Les regards convergèrent sur l’écran. Mona avait bien vu. Un grand bateau de commerce apparaissait marchant dans le même sens que le Maharatsu.

Et comme tous admiraient ce superbe échantillon de la navigation mixte, actionné par la vapeur et muni de quatre mâts élancés, dénotant que la voile pouvait venir à l’aide de l’hélice, il se produisit un phénomène stupéfiant.

Le vaisseau vira de bord comme l’autre, piquant droit vers l’horizon, et ses voiles se déployèrent comme si le bâtiment avait souhaité développer toutes ses qualités de vitesse dans une chasse éperdue.

— Celui-là aussi, gronda la petite duchesse, très intriguée par les allures bizarres du navire.

Dodekhan hocha la tête.

— Oui… lui aussi ?

— Mais de quoi ont-ils peur, tous ?

— Je n’en sais pas plus que vous.

— Car il n’y a pas à dire… Ils se sauvent comme s’ils voyaient le diable.

Et le front plissé par l’effort de la réflexion, Sara continua ;

— C’est drôle l’idée qui me vient.

— Dites votre idée ?

— L’écran nous démontre qu’à la surface de l’océan, le Maharatsu seul est visible…

— Sans doute, mais après ?

— Après… Eh bien, après… c’est peut-être de nous qu’ils ont peur.

La supposition de la Parisienne provoqua les exclamations de Lucien, de Mona, du Maître du Drapeau Bleu lui-même.

— Peur de nous !

— Notre Electric boat n’a rien d’effrayant.

Mais Sara s’entêta :

— Je suis de votre avis… Seulement si ce n’est pas nous qu’ils fuient, je vous prierai de m’apprendre ce que c’est ?

Et tous la regardant avec des gestes niant la possibilité de soutenir pareille opinion, elle poursuivit :

— Leurs vigies n’ont pas meilleure vue que notre périscope, n’est-ce pas ? Alors, si nous ne voyons rien, pourquoi en verraient-ils davantage ?

Les interlocuteurs de la charmante femme gardèrent le silence. Il est certain que le problème tel