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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

qu’un seul homme suffisait à actionner mettait en mouvement des cabestans amenant le roulement ou le déroulement des chaînes d’ancre.

Dodekhan avait rendu la liberté au navire qui, n’étant plus appuyé par la tension des chaînes, flottait plus mollement sur les longues houles de la rade.

Et tout à coup Sara poussa un cri.

— C’est lui, c’est lui qui est à la machinerie.

— Évidemment.

— Eh bien… allons sur la passerelle.

— Sur la… pourquoi faire ?

— Mais pour lui parler. Souvenez-vous donc de nos rendez-vous d’autrefois, à midi, l’heure du point.

— C’est ma foi vrai.

Tous trois s’élançaient déjà. Mona arrêta ses compagnons.

— Sur la passerelle nous serons rencontrés par le rayon du projecteur.

— Le projecteur, ah diable !

C’était Lucien qui évoquait ainsi le nom célèbre du prince des ténèbres. Tous avaient tourné les yeux vers le point de la côte d’où partait la fâcheuse projection lumineuse.

— Ah çà ! Où est-il donc ?

— Disparu !

— Éteint !

Ma foi oui… Par une coïncidence particulièrement heureuse, le phare de surveillance cessait de fonctionner à l’heure même où les voyageurs souhaitaient son extinction.

Chercher le pourquoi eût été intempestif. Ils se précipitèrent vers la passerelle, escaladèrent l’échelle de fer, et Sara, se penchant sur le tube acoustique dont elle usait, lors de son premier voyage, y lança ces paroles.

— Allô ! Allô ! monsieur Dodekhan, m’entendez-vous ?

Elle frappa ses mains l’une contre l’autre, avec une joie enfantine.

— Parfaitement, madame la Duchesse.

— Ah ! bien… Je voulais vous prévenir, le projecteur ne marche plus.

— Je le vois sur l’écran du périscope… C’est une inattention ou un accident… J’attends un instant pour être fixé. Si la chose se prolonge, je croirai à un accident, et au lieu de nous laisser dériver par