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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

vous découvrir en votre cachette. Je vous savais ici et je viens vers vous en ambassadeur.

— En ambassadeur !

Et bouleversée, domptée par la péripétie inattendue, elle laisse retomber, le long de son corps, sa main armée du revolver.

San souligne le geste.

— Ne soyez pas surprise, madame la Duchesse. Un instant vous avez trompé notre police, vous avez pu gagner le territoire français… grâce à je ne sais quelles complicités.

— Vous ne saurez jamais, protesta la jeune femme avec énergie !

Le géant fit entendre un rire insolent :

— Ne discutons pas cela. Pour l’instant la chose est dépourvue d’importance. Je continue donc. Une fois la frontière franchie, nos affiliés ont surpris vos mouvements. Vous avez rencontré une patrouille, gagné sous sa protection le poste militaire de Ki-Lua, et après une conversation mystérieuse avec le lieutenant Dalmaire, vous êtes revenue en ce lieu, guidée par un sous-officier français.

Sara ne trouva rien à répondre.

— Faut-il vous dire ce que vous êtes venue chercher ici, reprit l’herculéen San après un silence ?

Et elle, ses lèvres contractées ne pouvant formuler un son, le Masque d’Ambre poursuivit :

— La passe est semée de mines que la manœuvre d’un commutateur du poste de Ki-Lua doit faire exploser.

— Oh ! gémit-elle, ces gens sont donc des démons ?

San ricana :

— Non, de simples mortels qui s’entourent de précautions. Quoi de surprenant à ce que nous connaissions l’existence d’un instrument, de travaux de défense ? ce sont là des faits d’ordre matériel qu’un peu d’attention suffira toujours à percevoir.

Il marqua une pause, puis négligemment :

— Au surplus, nous ne savons pas tout. Ainsi nous ignorons l’emplacement exact des mines qui commandent la passe.

— Alors, qu’importe le reste.

— Le fait est, madame la Duchesse, que c’est là une lacune regrettable. Elle a nécessité un effort intellectuel que vous apprécierez. Il nous a fallu deviner vos pensées intimes.