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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

crés. De la sorte, vous pourrez sans retard prendre le chemin de la source des Bambous Parleurs.

— Les bêtes, les barils… murmure Joyeux. Serait-ce ceux que j’ai aperçus dans l’écurie ?

— Quelle écurie ? interroge Sourire, seule en état de prêter attention au monologue de son compagnon de misère.

— Celle qui est au bout de ce bâtiment, tout près de la porte de la cour… C’est par là que nos amies noires m’ont conduit ici.

Puis, se frappant le front :

— Attends-moi.

Lui, se glisse dehors, enjoignant d’un geste aux panthères noires de l’attendre. Debout près de la fenêtre, hypnotisées en quelque sorte par la vue des bonzes qui vont quitter le temple, qui vont jouir de cette liberté pour laquelle elles consentiraient aux plus lourds sacrifices, la duchesse et Mona ne se sont même pas aperçues de la sortie du gamin.

Lui est dans le couloir sombre qui dessert les cellules d’asile.

Sans hésiter, frôlant le mur, il s’avance d’un pas léger.

Bientôt il pénètre dans une écurie. Par les fenêtres, entre la clarté du dehors. Le petit discerne quatre mules à la robe claire, de cette espèce particulière au Yunnan. Elles sont attachées en ligne, en face de lui, devant la mangeoire de bois.

À sa gauche sont deux charrettes légères, chacune portant, au lieu de coffre, une sorte de grande marmite en bois, de la dimension d’une feuillette, avec couvercle de même substance que surmonte une poignée en forme de lotus-dragon. L’emblème du temple se retrouve là encore.

Sont-ce là les vases sacrés dont le bonze a parlé tout à l’heure ?

Le gamin se dissimule dans un coin, derrière des hottes de paille entassées. Il y est à peine, que la porte charretière accédant à la cour s’ouvre. Les bonzes entrent.

— Les mules du fond, ordonne le grand-prêtre. Les autres ont marché hier.

Ils commencent à les harnacher, quand une silhouette athlétique se découpe sur le seuil.

— J’ai entendu le signal. Que veut-on ?

Le supérieur se courbe en accent circonflexe :