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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Je ne viens pas discuter le privilège du temple, fit-il d’une voix sèche ; je viens seulement t’apprendre que je ne veux pas qu’ils en sortent, et savoir si tu es disposé à m’aider dans ces termes, ainsi que tu t’es engagé à le faire, lorsque ta confrérie se joignit au Drapeau Bleu.

Très bas s’inclina le bonze :

— La langue des serviteurs de Tao-Ssé n’est point fourchue. En dehors du respect du droit d’asile, tous ici sommes les serviteurs du Drapeau Bleu.

L’assurance parut dérider le seigneur Log. Son organe se fit moins rude pour continuer :

— Écoute donc ce que j’attends de toi, des hommes pieux que tu diriges.

— Mes oreilles sont ouvertes, Seigneur.

— Ceux qui se sont réfugiés en ce sanctuaire sont les ennemis nés de l’œuvre à laquelle j’ai convié l’Asie. Les uns appartiennent à ces races abhorrées d’Occident, qui viennent chez nous, nous ravir notre liberté et nos richesses, qui maintes fois ont ensanglanté notre sol, l’ont envahi en armes, dévasté, ruiné ; d’autres sont des traîtres à la cause des opprimés.

Il marqua une pause. Dans leur chambre, Sara, Mona Labianov, la petite Sourire écoutaient, en proie à une inconsciente terreur, secouées par le grelottement d’un frisson continu. Sans doute, dans les bâtiments alignés du côté opposé de la cour, Dodekhan, le duc de la Roche-Sonnaille et la charmante Lotus-Nacré étaient aussi aux écoutes, et ressentaient émotions pareilles. Mais le seigneur Log reprit :

— Ces coupables, je veux les prendre, je veux les punir. Tant qu’ils seront enfermés dans les murailles de Lin-Nan-Lien, ils me seront sacrés ; mais s’ils quittent cet abri, ils doivent devenir mes prisonniers.

— Cela est juste, dit en réponse le bonze toujours incliné.

— Or, continua le géant jaune, pour qu’il en soit ainsi, il ne faut pas leur laisser la plus légère chance de tromper ma surveillance.

— Comment le pourraient-ils ?

— On ne sait la ruse des prisonniers qu’après leur évasion, prêtre. Ainsi, des guerriers entourent la bonzerie, des factionnaires nombreux veilleront de nuit et de jour. Durant les heures de ténèbres, des lampes électriques répandront sur le plateau une clarté aveu-