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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

Le guerrier démonté marchait auprès de lui, le mettant au courant des événements accomplis la veille. La poursuite des réfugiés, le pont détruit, l’embuscade inutile, la disparition inexplicable de Dodekhan et de ses compagnons.

Et San se promettait bien de ne pas parler au Maître du Drapeau Bleu du feu jaune qu’il avait aperçu ou cru apercevoir, cette partie de son récit ne pouvant qu’augmenter la mauvaise humeur du seigneur Log.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

— Eh bien, San ?

— Tes ordres sont exécutés, Seigneur.

— Le feu rouge ?

— A grillé sur la cime du Fiancé de la Nuit.

C’est ainsi que les deux hommes s’abordèrent.

Gardé par une vingtaine de cavaliers Pavillons Noirs, le chef campait sur la route, à quelque distance de la sente du Lin-Nan-Lien.

— Allons, fit-il… Au moins de ce côté, ce que j’ai voulu s’accomplira.

L’arrivée d’un cavalier interrompit l’entretien.

Le nouveau venu s’était arrêté à trois pas de Log, le bras droit étendu en avant, indiquant par ce salut lamaïque son désir de parler au Maître.

— Que veux-tu ? demanda ce dernier.

— Te dire que Mou-Rou, ton fidèle, a retrouvé la piste de ceux qui ont échappé à ta justice.

— Quoi ? les hommes…

— Et aussi les femmes barbares d’Europe.

Les traits du Maître se crispèrent de joie haineuse.

— Ou sont-ils ?

— Dans l’asile de Lin-Nan-Lien.

— Dans l’asile…

Log répéta ces mots avec une déception évidente. Si puissant qu’il fût, il ne pouvait violer le privilège de la bonzerie taoïste.

Mais une réflexion détendit son visage.

— L’asile, soit… Qu’importe l’asile, s’ils n’en peuvent sortir. Nous les bloquerons, voilà tout, et nous trouverons bien quelque moyen de les attirer au dehors.

Puis considérant l’homme :

— Comment as-tu appris cela ?

— Je battais le pays, comme il avait été ordonné. Nulle part, mes camarades et moi n’avions rencontré