mais son âme plus vaillante restait la dominatrice des angoisses, des douleurs.
Un élan irréfléchi le poussa en avant.
Les deux hommes se trouvèrent dans les bras l’un de l’autre, s’étreignant plus violemment quand, par les interstices du volet, parvenaient jusqu’à eux les cris plaintifs des créatures adorées. Mais ils se séparent brusquement ; ils écoutent, une stupeur dans les yeux.
Des détonations sèches viennent de retentir à peu de distance. Un murmure de foule inquiète leur répond. La voix de Log domine tous les bruits.
— Qu’est-ce ?
Un organe essoufflé, haletant, lance ces paroles :
— Alerte ! Des Diables étrangers attaquent nos sentinelles !
Puis un grondement de rage ; le sol résonne sous des pas précipités.
Les jeunes gens, eux, bondissent vers la lucarne, d’où ils faisaient tout à l’heure de si angoissantes observations.
Tout est désordre, confusion, dans la cour. Log et San ont disparu.
Le cercle des Pavillons Noirs, aux lances menaçantes, s’est disloqué, laissant aux captives une issue pour la fuite. Et Sara en tête, Mona, Lotus-Nacré la suivant, ont sauté à bas de l’estrade ardente, courant maladroitement dans cette cour, dont le sol raboteux contusionne leurs pieds nus.
Elles sont à dix pas de la « roulotte », hésitantes, cherchant du regard quelle direction prendre… Les guerriers, qui les gardaient à l’instant, ont été surpris par leur brusque élan. Mais à présent, ils rient quand les infortunées trébuchent sur les pierrailles qui pointent du sol. Pourquoi s’inquiéteraient-ils ? Est-ce que les trois jeunes femmes peuvent leur échapper ?
Soudain une voix passe dans l’air, prononçant des syllabes que les assistants ne comprennent pas. La voix s’est exprimée en français. Elle a crié :
— Sara… par ici… dans la roulotte !
C’est Lucien qui n’a pu se contenir davantage, Lucien qui appelle sa femme. La petite duchesse se précipite, clamant :
— Mona ! Lotus ! Venez ! Et toutes trois gagnent l’escalier-échelle, s’engouf-