saires pour capturer le coupable et libérer les captifs.
Les trois faibles petites femmes, comme Sara désignait tout à l’heure et elle-même et ses jeunes amies, venaient de remporter une première victoire sur Log, Maître des Masques d’Ambre, presque Maître du Drapeau Bleu.
Là-bas, derrière les bâtiments de l’Entrepôt, une lutte de générosité s’engageait. La voiturette, ainsi que l’avait remarqué master Joyeux, pouvait tout juste transporter deux voyageurs.
Et Lucien se refusait à partir avec Dodekhan, en laissant Sara dans la ville. Mais elle parlait :
— Actuellement, Log est prisonnier. Nous n’avons rien à craindre. Fût-il libre, d’ailleurs, que nous resterions des otages, grâce à qui il espérerait pouvoir agir sur toi, sur cet ami mystérieux, dont nous avons épousé la cause.
— Non, non, viens. Nous te trouverons un asile à peu de distance.
— Je ne saurais quitter ainsi Mona, Lotus-Nacré, qui ont si adroitement travaillé à votre délivrance.
Elle, le poussant, Dodekhan, le tirant, le duc se trouva installé sur la voiturette. Et brusquement, le Maître du Drapeau Bleu actionna l’appareil. Lucien eut un cri :
— Sara !
Elle porta les mains à ses lèvres ; dans le baiser envolé, elle jeta ces paroles :
— Vous nous délivrerez bientôt.
La voiturette s’éloigna, fut cachée par l’angle d’un bâtiment. Alors deux grosses larmes roulèrent lentement sur les joues de la petite duchesse.
Avec un accent impossible à rendre, elle murmura :
— Jusqu’ici j’ai bien critiqué la morale du lycée… Cette fois je l’applique. Je me sacrifie noblement au salut d’un autre.
Puis, après un silence, un sourire mutin perçant à travers ses pleurs :
— Il est vrai que cet autre est le meilleur de moi-même.
Et, déjà maîtresse de son émotion, sa nature décidée retrouvant tout son ressort, elle porta ses regards sur les enfants, artisans modestes de tout ce qui venait de s’accomplir :