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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Bien, approuva Sara… Vous êtes dans le vrai, chère Mona, seulement…

— Pourrons-nous sortir d’ici ?

Et après un silence.

— Descendons… Si notre geôlier San dort encore, ce que j’espère, car il a absorbé notre narcotique sans modération…

— Et si nous le trouvons debout, interrogea la Japonaise ?

On eût cru, qu’avec la certitude de l’alliance des masques d’Ambre et de l’Empire nippon, la jeune fille avait perdu tout courage.

— Dans ce cas, reprit Sara, nous venons de nous réveiller et nous descendons au jardin… Nous avons, la tête un peu lourde, ce qui n’étonnera pas notre geôlier, les opiacés produisant habituellement cet effet.

— Ah ! s’écria Lotus-Nacré avec expansion, vous avez réponse à tout !

— Alors, ne perdons plus de temps, descendons.

Au bas de l’escalier, elle ouvrit crânement la porte de la salle à manger, où l’on avait laissé San.

Le confident de Log s’y trouvait toujours… Seulement il était allongé tout de son long sur les nattes tapissant le sol.

Sans doute la chaise avait cédé sous le poids de l’athlète jaune.

Il dormait, cela ne faisait aucun doute. Il dormait lourdement, profondément, jugulé par le narcotique. Mona, Lotus-Nacré s’étaient arrêtées sur le seuil, frissonnant à la vue du géant endormi.

La petite duchesse, elle-même, avait marqué une hésitation, mais, après un mouvement volontaire de sa jolie tête, elle marcha vers le colosse immobile.

— Que faites-vous ? chuchotèrent ses compagnes.

— Je cherche à m’instruire, répliqua-t-elle avec, dans l’accent, un léger tremblement qui trahissait l’effort de courage auquel elle se livrait.

— Vous instruire ?

— Oui… Il a peut-être en poche des papiers qui nous peuvent apprendre…

Elles eurent une exclamation… La curiosité les poussant, elles firent quelques pas en avant, tandis que la duchesse, le doigt levé, prononçait doctoralement cette phrase du Prince, de Machiavel.

— Lire les papiers secrets d’un ennemi, ou même