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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Quelle est cette société, reprit Log ?

— Son nom ne doit être prononcé que devant ceux qui comprennent le signe.

L’athlétique interlocuteur de l’enfant approuva du geste, puis d’un accent radouci :

— Veux-tu exécuter le signe ?

— Oh ! cela, bien volontiers.

Joyeux porta aussitôt les mains à son visage, décrivit, avec les index, des lignes encerclant les yeux, la bouche ; après quoi, il appliqua les paumes sur ses joues et demeura immobile dans cette position.

— Le Masque d’Ambre, prononça lentement le géant.

Un cri de joie jaillit des lèvres du petit :

— Vous comprenez ?

— Je suis le Maître…

L’enfant fit mine de se prosterner, mais se ravisant :

— Le Maître même doit prouver, s’il veut être obéi

À cette phrase, formule prévue d’avance, Log répliqua sans hésiter :

— Je suis prêt.

— Alors le masque…

— … transparent, jeta l’athlète.

— … Est opaque…

— … Pour tout autre…

— … Qu’un frère !

En prononçant ces derniers mots, Joyeux s’agenouilla et frappa du front la terre à trois reprises. Après quoi, il se releva et d’un ton respectueux contrastant avec celui qu’il avait pris jusque-là :

— Tu es le Maître. Ordonne, tu seras obéi.

Log lui octroya sur l’épaule une tape amicale.

— Deux enfants, deux bêtes, cela fait quatre…

— Sans compter ceux qui nous écoutent, ajoute gravement le gamin.

Son interlocuteur daigna relever la plaisanterie.

— Tu ne me laisses pas achever, Master Joyeux. J’allais dire : cela fait quatre recrues dont je ne veux plus me séparer…

— Bon !… seulement l’usine…

— Je ferai prévenir.

— Alors, tout va bien.

— Suivez ces hommes… Comme eux, vous surveillerez les prisonniers que vous voyez… Ce sont nos pires ennemis…