— Des panthères noires !
Dix revolvers se tendirent menaçants vers les fauves, qui ne manifestaient cependant aucune intention agressive. Elles regardaient curieusement le groupe, se retournant de temps à autre vers le défilé, comme des animaux bien dressés attendant leur maître.
— Ne tirez pas, fit Log d’une voix assourdie… L’homme est plus dangereux que les bêtes.
Mais deux nouvelles silhouettes apparaissaient sous la clarté de la lune.
— Ils sont deux !
— Des enfants ! Joyeux et Sourire, c’étaient eux, venaient de s’arrêter brusquement auprès de Zizi et de Fred, et considéraient d’un air ébahi, Log, ses marins, ses prisonniers !
— il y a du monde ! clama enfin le gamin d’une voix perçante… Par le Père Bouddha ! Voilà qui n’est pas ordinaire. On n’a donc plus peur en Chine des Dragons de la Nuit !
Ces mots étranges firent frissonner les marins. Mais Log riposta :
— Tu ne sembles pas toi-même en avoir grand’peur.
Le gamin eut un haussement d’épaules :
— Oh ! moi, je n’ai rien à perdre… et puis, mes amis à quatre pattes — il flatta les panthères de la main — se soucient des dragons comme un poisson d’une lanterne en papier.
— Et quel est ton nom, mon brave ? celui de ta compagne ?
— Master Joyeux. Miss Sourire.
— Ce sont des surnoms cela.
— Nous n’en avons pas d’autres.
— Que faites-vous ici ?
— Nous nous promenons… Le Jour nous travaillons à l’usine de Fas-Yen. Nous n’avons que la soirée pour prendre l’air.
Et comme le géant fronçait les sourcils, le gamin se campa en face de lui :
— En outre, nous sommes affiliés a une société puissante, très dangereuse pour quiconque songerait à nous molester.
Il avait l’air si résolu, si crâne, que les prisonniers, en dépit de leurs douloureuses préoccupations, ne purent s’empêcher de sourire.