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LE MAÎTRE DU DRAPEAU BLEU

— Bah ! Des paroles !… le but seul existe… Le reste n’est que fumée !

La Parisienne et son compagnon avaient cessé d’être visibles.

— Allons, continua le Maître des Masques d’Ambre. Aux autres, à présent… Ah ! ce bon Dodekhan, il a pensé qu’une évasion suffirait à lui rendre son pouvoir, à annihiler mes projets. Il est temps de lui démontrer son erreur… La mine est prête, la mèche allumée… Plus personne ne saurait empêcher l’explosion que j’ai voulue… La défaite lui semblera moins amère, en reconnaissant par quel homme il a été vaincu.

Il avait levé le bras.

Le geste était à peine indiqué qu’un nouveau groupe sortait des grottes.

Une dizaine de matelots, revolvers a la ceinture, sabre court à la main, entouraient deux hommes aux poignets attachés derrière le dos, et dont la marche était rendue difficile par des entraves de chanvre.

Mais sur la plate-forme rocheuse, d’où les gamins suivaient la scène, l’apparition de ces personnes produisit un véritable coup de théâtre.

Joyeux, Sourire se rejetèrent brusquement en arrière, se considérant avec des yeux fous, hallucinés, tandis que Fred et la souple Zizi, inquiétés par ce mouvement, inexplicable à leur intellect félin, se rasaient, prêts à bondir sur des ennemis, dont l’approche seule, à leur sens, pouvait troubler leurs jeunes maîtres.

Malgré leur finesse, les sveltes panthères noires se trompaient.

— Tu l’as vu ? fit enfin miss Sourire, d’une voix à laquelle son émotion intérieure communiquait une haletante vibration.

Incapable de prononcer, Joyeux répondit « oui » de la tête.

— Et tu le reconnais aussi ?

Nouveau signe affirmatif.

— Lui !

— Lui ! parvint enfin à dire le garçonnet… lui qui nous avait recueillis autrefois…

— Et nous avait confiés au vieil Oang.

— Et il est captif du Maître des Frères aux Masques d’Ambre.

— Notre maître à nous.