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la réalité dépassait le songe… Tout doucement, sans bruit, l’enfant se mit à genoux derrière l’abri du paravent. Il lui semblait qu’il serait mieux ainsi pour le contempler : Lui.

Joséphine s’approcha :

— Bonjour, Bonaparte, — jamais elle n’avait pu lui donner un autre nom que celui sous lequel elle l’avait connu jadis — bonjour. Merci de tes souhaits, mais fais les meilleurs encore… que l’année 1814 soit bonne comme toi et non comme moi.

— Bon, fit l’Empereur, nous sommes tous deux, et c’est toi qui cultives le madrigal. Attends… je veux t’embrasser pour te punir… Auparavant, je me débarrasse.

Il alla vers le guéridon, y déposa un écrin et une cassette dissimulée jusque-là sous son manteau, puis gaiement.

— Dans ce coffret, il y a 300.000 francs. Tu ne sais pas refuser à ceux qui font appel à la bourse… tu dois bien avoir quelques notes en retard, cela te permettra de mettre ordre à tes affaires. Premier point terminé. Passons à l’écrin. Tu aimes toujours les perles, en voici.

Ouvrant la gaine de maroquin, il présenta à son interlocutrice un collier de perles du plus merveilleux orient que lui, l’homme simple, n’ayant besoin de rien pour lui-même, avait payé quatorze mille louis à Neubracht, le joaillier de Stuttgard.

À la vue de cette parure, Joséphine oublia un instant la présence de Bobèche et de Milhuitcent, les graves nouvelles qu’elle s’était chargée d’annoncer. Un cri d’admiration s’échappa de ses lèvres, et elle se jeta dans les bras de Napoléon en murmurant :