Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Bien, souligna l’Empereur.

— Alors, déclara Alexandre, ou lui donnera l’île d’Elbe, un îlot où la mer nous gardera de ses entreprises.

Napoléon eut un ricanement :

— L’Europe coalisée ne suffit pas à les rassurer… ils appellent l’Océan à leur secours.

— C’est tout, conclut le jeune garçon.

Mais se ravisant soudain :

— Non, il me reste trois mots à dire.

— Lesquels ?

— Vive l’Empereur, Sire.

Brusquement Napoléon lui ouvrit ses bras, l’attira contre son cœur :

— Ah ! mon enfant, tu es bien l’incarnation de cette France généreuse que j’aime, de cette France qui comprend que je lutte, non pour moi, mais pour elle ; que je suis une victime comme elle. Espérat, c’est la France que j’embrasse en toi !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ce fut la dernière joie de celui sur qui pesait le fatum antique. M. de Caulaincourt, expulsé de Paris, arriva dans la nuit.

Le 3 avril, l’Empereur harangua ses troupes, leur dit son espoir de vaincre. Les soldats, ivres d’enthousiasme, répondirent aux paroles du chef bien-aimé :

— Vive l’Empereur ! à Paris ! à Paris !

Mais les maréchaux, Ney, Macdonald, épouvantés par des avis hypocritement envoyés de la capitale, exprimèrent des craintes indignes d’eux-mêmes. Et Napoléon, comprenant qu’il ne pouvait compter sur eux, tenta de les ramener en s’adressant à leur bonne foi.

Le 4 avril, il envoya à Paris, Caulaincourt avec Ney et Macdonald. Il voulait que ceux-ci comprissent la joie de l’ennemi.