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CHAPITRE IV

Comme quoi Espérat rencontre, en la personne du célèbre pitre bobèche, un ami, familier des impératrices.


Une heure plus tard, le fils adoptif de M. Tercelin, ayant remis la petite Emmie aux mains de son tuteur, M. Shaw, quittait la demeure luxueuse de celui-ci en s’essuyant les yeux. Oh ! il avait été convenu que les enfants se reverraient. Très gracieusement, M. Shaw avait invité le jeune garçon à venir dans sa maison quand il lui plairait. N’empêche que la séparation avait été cruelle et que, la porte refermée, seul dans le grand escalier sombre, Espérat avait senti quelque chose se briser en lui.

La défaillance du courageux petit bonhomme n’avait pas été longue. De même que l’arbrisseau un instant courbé par la rafale, il s’était redressé, et d’un pas délibéré avait gagné le Pont des Arts.

Traversant les serres qui ornaient la légère passerelle, jetée en 1802-1803 entre les deux rives de la Seine par Dillon, il parvint en face du dôme de l’Institut, et de là au quai Malaquais.

Pour parcourir ce trajet dans la grande ville inconnue, Espérat s’était renseigné une seule fois auprès d’un passant.

La maison portant le numéro sept se présenta bientôt à ses yeux. C’était une grande bâtisse ayant des prétentions à l’architecture. Sur le pas de la porte, le concierge, petit vieux ratatiné, nettoyait à la fleur de soufre, les bornes de bronze que des chiens mal élevés avaient salies.

— M. Antoine, demanda le voyageur ?

Le cerbère s’arrêta net, porta la main à sa coiffure, avec une célérité qui en disait long sur l’estime en laquelle il tenait son locataire, et poliment :

— Au deuxième. Il y a une sonnette avec un gland d’or.