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CHAPITRE XVIII

En marche sur Paris.


— Halte-là…  ! Halte ! ou vous êtes morts…

— On s’arrête, mes camarades. Vous parlez français, on est donc tout disposé à vous obéir.

Et les trois cavaliers retinrent leurs chevaux fumants.

Autour d’eux s’étendaient les taillis de la forêt du Der. Depuis un quart d’heure ils avaient quitté le village de Brancourt, suivant la route qui, quelques lieues plus loin, aboutit à Saint-Dizier.

L’ordre brutal auquel ils obtempéraient avait jailli des fourrés sans que l’on vît personne.

— Bon, reprit la voix, mettez pied à terre. Si vous êtes sages, il ne vous sera fait aucun mal. On désire seulement vous interroger.

Les voyageurs se conformèrent encore à ces prescriptions.

— Laissez vos chevaux, on en prendra soin, et pénétrez un à un sous bois. Dans une demi-heure, vous serez libres de continuer votre route.

Tranquillement, en hommes qui n’ont rien à craindre, les cavaliers, devenus piétons, écartèrent les buissons.

Aussitôt des mains vigoureuses étreignirent leurs bras, les mettant dans l’impossibilité de faire un mouvement, et ils furent entraînés rapidement à travers les arbres.

Les prisonniers regardaient curieusement ceux qui les conduisaient. Armés jusqu’aux dents, les cartouchières appliquées sur des vêtements de paysans, ceux-ci avaient le visage couvert par des lambeaux de toile qui ne permettaient pas de distinguer leurs traits.

— Allons, murmura le plus âgé des captifs, ce sont des bandits. Ils profitent du bouleversement général pour rançonner le pays.

Et haussant philosophiquement les épaules :

— Ils ne s’enrichiront pas à nos dépens… Maigre butin, mes braves, maigre butin.