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Captifs dans la cave où on les a oubliés, Bobèche et Espérat, versant des larmes de sang, ont entendu tous les bruits de la bataille. Au son, ils ont suivi les péripéties du combat.

Maintenant ils voient défiler l’armée vaincue de Blücher.

C’est la déroute qui passe.

Dragons, fantassins, hussards, artilleurs confondus, traversent la ville comme une avalanche de terreur. Des furieux déchargent leurs armes contre la façade des maisons, cherchant à faire du mal à ces Français, dont les troupes ont si vaillamment malmené l’envahisseur.

Une femme qui a eu l’imprudence d’ouvrir sa fenêtre, sans doute une de ces bourgeoises économes et pratiques, toujours prêtes à acheter d’une acclamation la clémence de l’ennemi, est tuée d’une balle.

Des garçonnets, surpris au milieu d’une partie de marelle, par la soudaine arrivée de grenadiers poméraniens, sont passés au fil de la baïonnette.

Du sang, du crime, des rugissements de rage, des appels déchirants… Tout cela se confond, sonne, bourdonne dans la ville, autour de laquelle hurle la canonnade de deux cents bouches à feu.