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garnis de barreaux par crainte des voleurs, fermaient bien celles-ci et en faisaient une prison sûre.

Verrouillés dans le sous-sol, éclairé à peine par un soupirail, les messagers de l’Empereur restèrent seuls, avec l’impression déchirante que la ruine de Napoléon s’accomplissait sans qu’ils pussent l’empêcher, et que cette ruine entraînait celle du pays de France.

Oh ! l’atroce journée. Midi, 1 heure, 2 heures sonnent.

Poussés par le désir d’agir, les captifs rassemblent des solives, des tonneaux vides épars dans la cave. Ils en font un monceau. Juchés sur ces objets, ils atteignent le soupirail ; ils voient la place où sont assemblés en armes les Polonais… Le colonel Kozynski est là aussi, debout, les traits contractés par le désespoir, un bras en écharpe, car il a été blessé la veille ;… près de lui, un vieux soldat pleure en tenant son cheval en main.

Comme tous ces gens souffrent de la couardise du gouverneur. Espérat se sent ranimé en le constatant.

Qui sait ? Tout n’est peut-être pas encore perdu. Ces braves se feraient tuer jusqu’au dernier s’ils savaient la vérité…

Il veut leur parler :

— Soldats, amis, camarades, clame-t-il…

Mais le canon d’un fusil se glisse par le soupirail. C’est un factionnaire qui veille, qui dit d’une voix rude :

— Tais-toi. J’ai ordre de faire feu si tu cherches à entrer en communication avec le dehors.