Page:Ivoi - La Mort de l’Aigle.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE V

Le Duel à coups de bottes, ou la situation politique


Vers une heure après-midi, de nombreux carrosses arrivèrent au château de Châtillon. Généraux, commissaires de la coalition au Congrès, représentants de la municipalité (ces derniers par ordre des envahisseurs) se rendaient à la grande représentation donnée par l’inimitable Bobèche et son camarade Galimafré II.

Le grand salon du manoir avait été transformé en salle de spectacle. Une scène minuscule était dressée à l’une des extrémités.

Déjà de nombreux spectateurs avaient pris place, mais on ne reconnaissait pas en eux l’impatience des badauds attendant le lever du rideau.

Une préoccupation pesait sur tous, et dans un groupe, d’Artin, les sourcils froncés pérorait :

— On la rejoindra sûrement.

— Je le souhaite de tout mon cœur, lui répondait Enrik Bilmsen, dont la face rose offrait les caractères d’un bouleversement extraordinaire.

— Et je la ferai enfermer si étroitement qu’elle ne pourra plus jamais se livrer à pareille incartade, ajoutait de Humboldt en grinçant des dents.

Un quatrième personnage s’approcha du groupe :

— Serais-je indiscret en vous demandant ce qui se passe ? D’Artin lui serra la main :

— Vous, de Lorcet, mais pas du tout.

— Alors, j’ouvre mes oreilles.

— Il s’agit de ma sœur.

Mlle Lucie de Rochegaule ?

— Précisément.

— Eh bien ?

— Elle s’est évadée cette nuit.

— Évadée ?